Timothé était endormi depuis une bonne heure déjà. C’était maintenant au tour de Barty de se réveiller, et de prendre possession du corps de sa victime. Cela faisait maintenant un bout de temps que l’esprit du défunt mangemort résidait dans le corps du serdaigle. Pourquoi avoir choisi un serdaigle, de sang-mêlé de surcroît ? Tout simplement afin de ne pas trop attirer l’attention. En fait, son maître avait préféré que ses serviteurs se dispersent à travers toutes les maisons, question que les soupçons ne pèsent pas trop rapidement. C’était beaucouo plus subtil ainsi, car une bande de serpentards possédés aurait vite fait jaser dans Poudlard et ils auraient ainsi risqué d’être découverts plus tôt qu’ils le pensaient. Ils avaient également choisi des personnes ayant le moins de liens ensemble possible, s’assurant donc par le fait même une couverture plus sécuritaire. S’ils avaient choisi des élèves qui traînaient souvent ensemble, ils auraient pu se confier leurs problèmes, et leurs blanc de mémoire, ce qui aurait vite paru très louche. Bartemius n’était pas mécontent du choix qu’on avait fait pour son corps. Timothé avait bonne allure, et semblait assez populaire au sein des autres élèves. Excellent à l’école et au Quidditch, il semblait être un sorcier plus efficace que la moyenne et il était donc parfait pour remplir le rôle qu’on attendait maintenant de lui. Peut-être que sa vivacité d’esprit lui ferait découvrir plus vite que les autres la situation périlleuse dans laquelle son possesseur l’avait mise, mais pour l’instant, aucune raison de s’inquiéter.

Le mangemort se leva et s’habilla rapidement, enfilant l’uniforme aux couleurs des aigles. Puis, instinctivement, il se rendit vers le miroir le plus proche, s’attendant à y voir son reflet habituel. Mais comme chaque fois depuis qu’il était revenu chez les vivants, Bartemius Croupton Junior sursauta à la vue de Timothé. Il ne s’était pas encore fait à l’idée qu’il n’avait plus son corps d’origine, mais bien celui de quelqu’un d’autre. Il avait bien entendu fouillé les affaires personnelles du garçon afin de connaître sa vie. Il savait donc qui il pourrait facilement manipuler et utiliser afin d’accomplir sa mission. Toutes les personnes proches de Timothé étaient des victimes potentielles. Eloïse, Julia, Amanda, Laura, Apple, Maximilien, Allison, Kristen… tous ces élèves risquaient leur vie juste parce qu’ils étaient très proches de son possédé. Lorsqu’il se promenait dans le château la nuit avec l’apparence du serdaigle, Barty agissait en tant que mangemort et n’essayait même pas d’avoir l’air naturel. Pas question de s’abaisser au niveau médiocre du possédé. Il n’allait pas commencer à sympathiser avec les sorciers de cette école, ça non ! Il savait que cela allait semer le doute dans l’esprit de plusieurs personnes, mais ça faisait aussi parti du plan. Et puis de toute façon, même s’il essayait, ça risquait d’être ridicule.

Le but de cette nuit-là était fort simple. Il devait se faufiler hors du dortoir des septièmes années, et se rendre dans les cachots, près de la salle commune des serpentards afin d’y attendre Lucius Malefoy. Un plan élémentaire, mais qui risquait d’être difficile si on prenait en considération la tonne de personnes qui assuraient la sécurité la nuit. Mais bon, le pire qu’il pourrait récolter était une retenue, et ce serait ce stupide serdaigle qui vivrait avec, donc tant pis pour lui ! À cette pensée, un rictus malfaisant s’échappa de la bouche du fidèle mangemort. Parcourant les couloirs en direction des cachots, il était bien trop occupé à savourer les futurs problèmes de sa victime pour se rendre compte que le concierge de l’école tournait le coin en même temps que lui…

« Monsieur Smith ! Que faites-vous ici à une heure pareille ? »
« Écoute bien vieux troll, j’ai autre chose à faire que t’écouter râler encore et encore ! Ton travail c’est de nettoyer les saletés, pas de t’occuper de moi, compris ? »
« Comment osez-vous me manquer de respect ! Ce n’est pas dans vos habitudes, jeune homme. »
« Tu vas la fermer oui ? Dégage avant que je m’énerve, sale esclave ! »
« Vous… vous… ça suffit ! Retenue demain à trois heures et quart, ne soyez pas en retard ou c’est la direction qui vous attend ! »
« Oooooooh, comme j’ai peur ! »

Sur ces mots, il soupira, exaspéré à l’idée qu’on puisse être aussi stupide. Non mais pour qui se prenait-il, ce sorcier de seconde zone ? Un vrai sorcier ne passait pas sa vie à nettoyer une école… quel perte de temps. Mais bon, dans la vie, il fallait bien des esclaves pour faire le sale travail. Un sourire satisfait sur le visage, Barty Croupton sortit la baguette du garçon et continua son chemin sans tenir compte du regard mauvais que lui jetait le concierge, regard qui amusait le mangemort plus qu’autre chose…

« MINCE ! »

Timothé n’en revenait tout simplement pas. Il s’était réveillé dans son lit, mais un truc clochait. Il se souvenait très clairement s’être endormir en sous-vêtements après avoir pris sa douche. Mais en ouvrant les yeux, il s’était aperçu que non seulement il n’était plus au chaud dans ses couvertures, mais qu’il portait son uniforme de Poudlard ! Ce n’était pas la première fois que ça arrivait… et chaque fois qu’il questionnait Dwain ou Apple, ceux-ci répondaient qu’ils l’avaient vu s’endormir et qu’ils ne s’étaient pas aperçus qu’il s’était levé durant la nuit. Et pas besoin de dire à quel point cette situation bouleversait le serdaigle. Lui qui menait une vie bien rangée, toujours calculée et en ordre, il se retrouvait soudainement avec des trous de mémoire, et certaines personnes se mettaient à le haïr avant même qu’il sache de qui il s’agissait… tout ça était carrément débile ! Déjà prêt alors qu’il n’avait aucun souvenir de s’être habillé ou même d’avoir dormi et aussi fatigué qu’à son coucher quelques heures plus tôt, Timothé se leva et descendit dans la Grande Salle afin de déjeuner. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque quelques minutes plus tard, alors qu’il avalait tranquillement la dernière bouchée de son muffin au chocolat, de voir le concierge s’arrêter devant lui et le toiser méchamment.

« N’oubliez pas votre retenue, trois heures et quart, salle des trophées. Je vous le ferez regretter si jamais vous arrivez en retard, monsieur Smith. »
« Qu… quoi ? »
« Tim se tape une retenue ! »
« Oh la ferme Apple tu veux ! »
« Qu’est-ce que t’as fait cette fois-ci ? »
« Mais j’en sais rien ! »
« Tu vas fricoter avec Alexia Sullivan dans les cachots, c’est ça ? Encore ? »
« Tu comprends rien… »

C’était exactement ça. Apple ne comprenait rien à ce qui lui arrivait, pas plus que lui. Timothé n’avait aucune idée de ce qui se produisait. Comment avait-il fait pour récolter une retenue alors qu’il se souvenait de s’être tranquillement couché dans son lit le soir d’avant ? Il n’était pas sorti se balader dans le château cette nuit-là, car il s’en serait souvenu, non ? C’était à n’y rien comprendre du tout… encore une autre punition dont il ne connaissait pas l’explication…

À trois heures et quart, le garçon attendait déjà devant la salle des trophées, ou « salle des tortures », surnom donné par les élèves s’y retrouvant trop souvent à leur goût. Le concierge arriva quelques secondes plus tard, l’air encore plus mécontent que le matin même. Il s’arrêta devant le serdaigle et lui offrit un sourire méprisant.

« On fait moins le malin maintenant, n’est-ce pas monsieur Smith ? »
« Je suppose que vous avez raison... »

Puis, en ouvrant la porte, le concierge passa une remarquer qui accrocha un sourire soulagé sur le visage du pauvre Timothé qui perdait le fil de sa vie.

« Vous avez de la compagnie Middle ! »

Puis, il poussa Smith à l’intérieur et referma brutalement la porte derrière lui. Maximilien était là ! En retenue, lui aussi. Et il semblait visiblement soulagé que le concierge ne soit pas resté plus longtemps. Au moins, il aurait de la compagnie et pourrait déverser son flot de problèmes sur une oreille attentive !

« Max ! Comme je suis content de te voir ! Comment tu t’es retrouvé ici ? »

« Ah vrai dire, je suis allée dans la bibliothèque pour travailler. Elle était normalement fermée et ce vieux crabe à feu m’a foutu en retenue et toi dis moi, Timmy. IL me semblait que tu ne te faisais jamais avoir ? Qu’est ce que tu fais là ? »

Question tout à fait légitime mais à laquelle Timothé ne trouvait pas de réponse. Tout ce dont il se souvenait, s’était s’être endormi dans son lit d’assez bonne heure, comme d’habitude. Puis ensuite, à son réveil, il portait des vêtements, était encore épuisé et voilà que le concierge lui annonçait une retenue dont il ne connaissait pas la cause ! Et ce n’était pas la peine de demander, puisque le vieillard allait se contenter de son habituel regard méprisant sans donner d’explication ; comme si les élèves savaient exactement pourquoi ils méritaient de laver la salle des trophées de fond en comble. Mais bon, côté punition, on avait vu pire. Et puis voir Maximilien était plutôt une joie qu’une corvée, et cette retenue pénible passerait bien plus vite en sa compagnie. D’ailleurs, tout était toujours nettement plus agréable lorsque son bon ami était dans les parages. Ils se connaissaient depuis six ans déjà et s’entendaient toujours aussi bien. Tous deux se ressemblaient sur plusieurs points tout comme ils différaient sur d’autres. Mais celui les rapprochant sans doute le plus restait cette carapace qu’ils montraient aux gens, plus pour plaire que pour se protéger. Fils modèles à l’air exemplaire, ils semblaient être nés pour un avenir brillant, mais leur esprit aspirait à autre chose que ces trucs prédestinés. Ils n’étaient pas les enfants prodiges qu’on s’attendait à connaître ; Max, tout comme Timothé, avait un côté rebelle qui ne se voyait pas en surface. Il fallait percer leur coquille pour le découvrir, mais la plupart des gens ne prenaient pas cette peine, s’arrêtant là où ils n’auraient pas trop d’ennuis. Connaître quelqu’un était une chose : la connaître réellement était une autre paire de manches. Chaque personne regorge de secrets et dissimule parfois des facettes bien moins agréables qu’elles n’y paraissent en réalité. D’ailleurs, les circonstances dans lesquelles les deux serdaigles s’étaient connus étaient tout bonnement… naturelles. Comme si cette rencontre était prévue. Ils auraient pu passer à quelque minutes d’intervalles sans jamais se croiser, mais pourtant, il avait fallu qu’ils arrivent presqu’en même temps et passent prêt de se jeter des sorts par la tête, nervosité oblige. Timothé se souviendrait toujours de ce fameux soir, lorsqu’il avait à peine douze ans. Maximilien version mini sorcier lui avait adressé la parole de sa voix franche et directe, chose qui avait plu à Tim. Appréciant les personnes naturelles ne se créant pas de fausse personnalité, il n’était pas étrange qu’ils se soient bien entendus.

Il reporta son attention sur son ami qui affichait un sourire ravi, signe qu’il était vraiment heureux de le voir. Et tout comme lui, Maximilien mentait rarement, ce qui rassura Timothé. Au moins il y avait quelqu’un dans ce monde qui semble le trouver normal… quoi que ces derniers temps, il était le premier à douter de sa santé mentale, mais qui ne se serait posé aucune question ? Il accepta la tape sur l’épaule avec soulagement, content de voir que leur amitié ne s’était pas estompée. Ils se voyaient moins ces derniers temps, mais ils avaient des amis chacun de leur côté, et l’amour naissait du côté de Tim qui semblait un peu à l’ouest… et puis avec les devoirs et son manque total de sommeil, ça n’aidait pas leur cause. Cherchant une réponse plausible à donner à Maximilien, il en vint à la conclusion que ça ne servait à rien de lui mentir. De toute manière, Max devinerait tout de suite que le septième année cachait quelque chose de pas net. Et n’ayant pas envie de se faire réprimander cet après-midi-là, il se contenta de la bonne vieille vérité.

« À vrai dire Max, je… je ne sais pas. Depuis quelque temps, j’ai ces trous de mémoires, et ces rêves étranges. Et puis on dirait que je dors sans vraiment le faire, parce que je me réveille aussi fatigué que la veille. Puis voilà que le concierge vient me dire que je me tape une retenue. »

Il semblait si troublé que n’importe qui aurait su qu’il ne racontait pas une mauvaise blague. Tout ce qu’il avouait à Maximilien était la stricte vérité, bien qu’elle ne lui plaise pas vraiment. Si c’était du somnambulisme, quelqu’un s’en serait aperçu non ? Alors il devait y avoir quelque chose de louche derrière tout ça…

« Je suppose que tu as trouvé une manière de faire le ménage sans efforts ? Tu me montres ? »

« Tu me connais trop bien, Timmy, mais regarde ça. J’avoue en être assez fier mais c’est surtout grâce à Travis et grâce à Léo »

Combien de fois Timothé avait-il entendu cette phrase s’échapper de la bouche de son vieil ami ? En fait, cela été automatiquement dit par Maximilien lorsque ce dernier inventait un gadget qui lui plaisait particulièrement, ou qui avait assez bien fonctionné lors de l’essai. Le septième année était toujours très impressionné par l’imagination débordante de son camarade, toujours en train de mettre au point une nouvelle technique de Quidditch très efficace, ou une manière de coincer le concierge assez loin d’eux pour qu’ils accomplissent leurs méfaits tranquilles. En fait, si Timothé était le cerveau du duo, le sixième année était celui qui mettait tout en œuvre. Ils étaient semblables, mais se complétaient aussi en quelque sorte, ce qui faisait d’eux des amis très liés. S’ils avaient été de la même année, ils auraient probablement été beaucoup plus inséparables. Maximilien n’avait pas mis beaucoup de temps à convaincre Timothé de rejoindre les rangs des élèves turbulents de Poudlard. En fait, ce dernier n’était pas très rebelle, mais aimait bien s’aventurer la nuit dans les couloirs et jouer à la petite peste avec ses copains de Serdaigle. Il était arrivé de nombreuses fois que Travis, Léo, Maximilien et Timothé se retrouvent tous les quatre en retenue ensemble pour avoir semé la pagaille dans la Grande Salle, ou encore la bibliothèque. Mais depuis qu’il était entré en dernière année, le batteur s’était étonnamment assagi… on aurait dit qu’il cherchait à se faire discret et à ne pas attirer l’attention sur lui. Plus renfermé qu’avant et surtout moins chaleureux, on remarquait un énorme changement dans son comportement. C’était en partie pour cette raison qu’il s’était éloigné de la majorité de ses amis ces temps-ci et qu’il parlait beaucoup moins de ce qu’il vivait… en fait, il avait peur qu’on le prenne pour un dingue. Car ce qui lui arrivait était vraiment, vraiment terrifiant, et surtout bouleversant. Il ne répondit pas à l’explication de son ami mais regarda la démonstration d’un œil attentif, content d’échapper un peu à ses pensées sombres et ses questionnements incessants. Passer du temps avec Maximilien lui procurerait un intense soulagement, car contempler le visage enjoué de son meilleur ami lui faisait toujours du bien, peu importe les circonstances. Un peu de temps passé seuls tous les deux ne leur ferait de tour ni à l’un, ni à l’autre. Timothé était conscient qu’il devait inquiéter son vieux pote qui se montrait très observateur quant aux changements opérés chez le septième année. Et Timmy ne pouvait s’empêcher de craindre sa réaction. Sauf que s’il devait confier à quelqu’un ses doutes et ses inquiétudes, ce serait certainement au garçon en face de lui… parce qu’un secret partagé avec Maximilien signifiait le silence jusqu’à la mort. Il ne se souvenait pas avoir déjà dû se fâcher contre son ami après que celui-ci ait révéler un secret sans le vouloir. Au contraire, il arrivait à les dissimuler avec une facilité déconcertante. Qualité assez utile pour un fauteur de troubles d’expérience…

Le silence redevint ensuite l’élément principal de leur conversation, laissant à Timothé le loisir d’observer le spectacle offert par ce vieux torchon ensorcelé. La Salle des Trophées était spacieuse, mais pas autant que le Terrain de Quidditch. Le Serdaigle se souvenait encore très bien de cette fameuse retenue où Maximilien et lui avait dû tailler la pelouse du stade en trois heures seulement. Bien entendu, Maximilien, encore haut comme trois pommes à l’époque, avait eu la brillante idée d’appliquer un sortilège de son cru aux ciseaux fournis par le concierge. Timothé avait trouvé l’idée fabuleuse et s’était empressé d’imiter son compagnon. Ils étaient donc allés chercher leur balai et avaient volé tout le reste de la soirée tandis que leurs paires de ciseaux faisaient la vilaine tâche à leur place. Voilà une tradition qui s’était conservée avec le temps, d’où les soupçons de Timothé à son entrée dans la pièce quelques minutes plus tôt. Le torchon voletait à une vitesse hallucinante dans la pièce, allant de trophées en trophées, des plus anciens aux plus récents. Satisfait, le sorcier expliqua finalement à son ami la raison pour laquelle il se trouvait en retenu cet après-midi-là, mais ses explications ne semblèrent pas apaiser la curiosité de Maximilien.

« Viens donc t’asseoir un peu et raconte moi. J’avoue ne pas très bien comprendre ! »

« Il n’y a rien à comprendre justement… moi-même j’ignore complètement ce qui se passe. Je me suis couché hier soir, en sous-vêtements, et ce matin en me réveillant j’étais habillé de la tête aux pieds ! Et le concierge vient me voir en me disant que je l’ai insulté durant la nuit… mais ce n’est pas du somnambulisme, c’est autre chose…. Il se passe un - AH ET PUIS CE SONT PAS TES OIGNONS, FICHE-MOI LA PAIX. »

Quelque chose d’inattendu venait de se produire. Timothé était passé du bouleversement à un dédain profond et il toisait à présent son meilleur ami d’un air dégoûté, voire colérique. Le changement de personnalité s’était fait en une fraction de seconde à peine, coupant nette la phrase que le serdaigle avait commencée, un peu comme si… quelqu’un d’autre avait pris sa place. Et effectivement, c’était le cas. Barty Croupton, qui avait assisté à la conversation entre les deux amis, ne pouvait pas rester là sans rien faire alors que ce stupide batteur à deux sous s’apprêtait à ruiner le plan de son maître. Il ne faisait pas confiance non plus à cet idiot de sixième année qui semblait plus compétent au lit que dans sa vie en générale. Il en avait marre de devoir survivre dans ce corps d’adolescent plein d’hormones, et surtout de devoir supporter les fréquentations de son possédé. Les jeunes d’aujourd’hui étaient-ils tous aussi inintéressants et profondément imbécile, ou n’avait-il tout simplement pas encore cherché à la bonne place ? Ne portant même pas attention à la réaction de son interlocuteur, le mangemort se leva et n’ayant plus de baguette magique à sa disposition, décida de foutre le bordel de ses propres mains. Envoyant valser le pauvre torchon dans un coin de la pièce, il se mit laisser tomber les trophées un peu partout, ce qui créa un saccage épouvantable. Le bruit devait retentir jusqu’à l’autre bout du couloir et le concierge ne mettrait pas de temps à débarquer et découvrir le désordre infernal. La raison de tout ceci ? Prendre le contrôler le Poudlard bien entendu, à l’aide des ses acolytes. Mais ne disait-on pas que le meilleur moyen d’accéder au pouvoir par la force était de semer la confusion dans les esprits ? Des disputes par-ci par-là éloignerait les gens les uns des autres, créeraient des doutes, des inquiétudes, des disputes… et le désespoir, la tristesse et la rage étaient les meilleurs armes des mangemorts. Si Maximilien n’interposait pas, Bartemius se collerait volontairement un coup de poing à la figure et dès que le concierge arriverait, il mettrait tout ça sur le dos de Maximilien… peu importe si cet enfant de bonne famille se faisait renvoyer de Poudlard, peu importe si son possédé et lui devenaient les pires ennemis que la terre ait portée…

« J’en ai marre de cette école, t’entends ? J’en ai marre de vous tous ! »

Si Bartemius Croupton Junior avait été un tant soit peu rationnel, jamais il n’aurait risqué d’être découvert à ce point-là. Sauf que ce mangemort n’avait jamais pensé de manière calme et réfléchie, et il n’agissait que par impulsion, lorsqu’il croyait que la situation le permettait. Il n’aurait pas osé désobéir à son maître, et faisait absolument tout pour accomplir ses missions incognito dans Poudlard… sauf que ce Serdaigle, ce Middle, le mettait dans un tel état de rage que le sorcier ne contrôlait plus ses pulsions, et ses envies meurtrières revenaient de nouveau. Un fils n’ayant pas hésité à assassiner son père ne se préoccuperait sûrement pas d’un pauvre petit étudiant comme Maximilien. Après coup, il songea avoir peut-être sous-estimé l’intelligence du bleu et bronze, étant donné que celui-ci paraissait déjà comprendre qu’il se passait un truc pas net. Il ne pouvait pas savoir qui était réellement Timothé Norman Smith, et en s’observant dans le miroir, avait cru avoir à faire à un jeune homme brillant, et prétentieux, le genre de mec qui serait allé à Serpentard sans son goût prononcé pour les études. Au contraire, le Serdaigle était plutôt calme et souriant, prêt à aider n’importe qui. Il était donc tout à fait normal que le meilleur ami de Tim se pose des tas de questions. Pourquoi son ami avait-il changé aussi brusquement ? Et dernièrement, il s’était montré plus renfermé, plus étrange… que se passait-il exactement ? Et bien entendu, Barty comprenait maintenant, et peut-être trop tard, que Maximilien ferait tout en son pouvoir pour découvrir ce qui tracassait tant son ami. Ce qui le plaçait dans une situation très fâcheuse. Que dirait son maître à propos de ceci ? Redoutant subitement que ce stupide sixième année puisse le démasquer, il laissa le loisir à Timothé de continuer la partie, mais tentait en même temps de garder un œil vigilant sur la scène qui se déroulait. Juste avant redonner son corps au possédé, il prit soin de pointer discrètement sa baguette sur chacune des armoires, et de les ensorceler silencieusement. Bartemius était fou à lié, mais pas complètement idiot. Il avait donc appris très vite à maîtriser les sorts muets, ce qui lui servait particulièrement bien à ce moment-ci. Ceci fait, il éclata d’un rire cruel et c’est Timothé qui revint, si brusquement qu’il sentit que sa tête allait se fendre en deux.

« Timmy, par pitié. Réponds moi, calme toi ! Dis moi, explique moi. Timothé !!!! »

Il avait à peine entendu les cris de Maximilien tant la douleur était forte. Timothé était aux prises avec des tremblements effroyables ainsi que des maux de tête insupportables, et s’était carrément écrasé au sol, la tête contre ses jambes. Le bleu et bronze tentait de se concentrer et d’analyser la situation, mais rien n’y faisait. Il avait si mal qu’il aurait préféré mourir à l’instant même plutôt que devoir endurer ça une seconde de plus. Tandis que son ami essayait de repousser les armoires à coup de stupéfix, lui luttait pour rester conscient, et sentait que l’évanouissement n’était pas loin. Il ne comprenait rien, que se passait-il ? La dernière chose dont il se souvenait, c’était qu’il tentait d’expliquer son état à Max… puis, le noir total, et à peine une fraction de seconde plus tard, il se retrouvait en position fœtus sur le plancher avec la tête en feu.

Il lui fallut attendre quelques instants avant que Maximilien réussisse à stopper les objets momentanément, tandis que la douleur diminuait peu à peu. Cette minute à peine de répis permis au sixième année de foncer directement vers Timothé, ce dernier commençant à se relever. Son mal de crâne était beaucoup moins intense et ses pensées étaient plus claires, ce qui lui permettait de jeter un véritable coup d’œil à la scène. Le jeune homme s’appuya lentement sur Middle afin de se remettre debout et lui lança un regard complètement affolé.

« Tim, qu’est ce qui t’arrive, réponds moi !!! »

« Je… je n’en sais rien, je ne me souviens de rien, je… ATTENTION! »

Timothé n’avait pas tout de suite pris le temps d’observer les armoires qui s’avançaient vers eux. Apparemment, les sorts jetés par Maximilien n’avaient rien donné à long terme, et les meubles s’avançaient donc vers les serdaigles, plus menaçantes que jamais. Il était difficile de penser rationnellement et de réagir convenablement alors que des armoires vous fonçaient dessus… mais voyant que l’une d’entre elles, juste derrière Maximilien, envoyait un trophée de Quidditch directement sur lui à une vitesse fulgurante, il s’était stoppé net dans sa phrase et avait hurlé tout en se jetant sur son ami. Les deux s’écrasèrent au sol, mais n’eurent pas le temps de faire quoi que ce soit… une armoire venait de tomber sur eux, et une autre était prête à faire de même. S’ils ne faisaient rien, ils se feraient applatir par une tonne de bois et de trophées. Apercevant un trou assez gros pour eux juste à leur gauche, Timothé retrouva un peu d’énergie et repris son leadership habituel. Il devait les sortir de là, sinon jamais il ne se le pardonnerait.

« Rampe à ta gauche, vite ! »

RÉSUMÉ DU TOPIC:

Maximilien et Timothé ont tous les deux écopé d'une retenue et se sont retrouvés enfermés ensemble dans la salle des trophées. Ne sachant pas pourquoi il se retrouvait là, le septième année essaya d'expliquer à Maximilien ses trous de mémoire et l'angoisse constante qu'il ressentait face à son changement radical. N'ayant même pas le temps de terminer ses confidences, Bartemius Croupton Junior pris une nouvelle fois possession de son corps et il se leva, frustré, envoyant valser les trophées sur le sol. Le pauvre Middle n'avait aucune idée de la raison qui poussait son ami à agir ainsi, surtout qu'à peine quelques secondes plus tard, les armoires de la salle s'éveillaient et fonçaient sur eux.

Timothé s'effondra sur le sol tandis que Barty fuyait son esprit, en proie à une grande souffrance. C'est son meilleur ami qui lui vint en aide, tout en essayant de faire reculer les armoires qui approchaient de plus en plus. Les deux garçons levèrent bientôt leurs baguettes, prêts à se défendre, mais voilà que sans prévenir, un amas d'étagères s'écroulait sur eux, les clouant au plancher. Remarquant une petite brèche sur sa gauche, Timothé s'empressa d'en faire part à Maximilien et tous les deux rampèrent avec précaution vers la seule sortie qu'ils trouvèrent. Une fois debout, ils pointèrent leur baguette sur leurs adversaires et lancèrent tous les sorts offensifs et défensifs qu'ils connaissaient. Cela n'était apparemment d'aucune utilité puisque le maléfice dépassait tout ce qu'ils avaient déjà vus en classe ou ailleurs.

Timothé suivit Max tandis que ce dernier se frayait un chemin vers la porte. C'était la seule et unique solution qui leur éviterait de se faire décapiter par les armoires qui lançaient dans leur direction les derniers trophées encore présents sur leurs étagères. Ils réussirent finalement à sortir sains et saufs, mis à part quelques égratignures. Exténué et complètement perdu, Timothé se laissa glisser le long du mur, passant une main tremblante dans ses cheveux en sueur. Maximilien semblait aussi essoufflé que lui, et apparemment ils venaient d'échapper à la mort.

Le concierge ne tarda pas à arriver, alerté par tout le vacarme qui provenait de la salle des trophées. Il ne lui fallut que quelques secondes pour croire à l'histoire farfelue de Maximilien, ayant lui-même entrouvert la porte et aperçut les armoires folles s'entretuer dans la pièce. Il les laissa en plan et se dépêcha d'aller avertir la direction. Une nouvelle attaque étrange s'était produite, et pour l'instant personne n'oserait soupçonner Timothé de quoi que ce soit. Lui-même ne se souvenait pas d'avoir provoqué un tel massacre. Il entendit à peine la voix de son ami lui dire de le suivre. Il se contenta d'exécuter l'ordre...

« Cette école est vraiment dingue... »