┤Le monde de la magie├

Sujet: Love me do... [Libre] Ven 4 Sep 2009 - 14:03

Des chaussures noires cirées avec soin martelaient le macadam de ses petits coups de talon. Puis elles s'arrêtèrent, formant un angle de 45°, témoignant de la posture très classe de leur propriétaire. L'ourlet droit du pantalon ondula très légèrement, conséquence des ondes transversales précédemment renvoyées par une main qui s'est glissé habilement entre les deux couches superposé de soie qui formaient la poche.

Des profondeurs abyssales de ce petit compartiment des plus pratiques jaillit une montre à gousset argentée, qui, pour être tout à fait franc, indiqué exactement la même heure que la pendule accrochée sur la façade de la gare. Mais la nécessité était tout autre. Elle rappelait à son détenteur qu'il était aisé, et elle en informait les autres. Non, la montre n'était en rien enchantée. Pas besoin de magie pour se rappeler que l'on est riche, le plaisir visuel ainsi que le contact glacial de l'argent dans le creux de la main se suffisent à eux-même.

D'un geste souple et contrôlé, sans mouvement excessif, sans frisson, sans craquement, sans articulation outre mesure, il rangea la montre dans la poche intérieur gauche de sa veste de soie noir. Celle-ci était superbement repassé, sans un pli, sans une ride, à l'image du visage rosée de l'homme qu'elle recouvrait.

Les ombres noircissant les creux de ce visage se déplacèrent à mesure que l'homme tournait la tête. Les cheveux d'un blond doré frémirent tout le long du mouvement. Mais il fallait qu'il tourne sa tête. En effet, il y avait cette musique entrainante qui trottait aux abords de son tympan depuis déjà quelques temps, rebondissant contre les parois de son oreille interne avec fougue.

Un seul homme était à l'origine de cette mélodie. Il chantait, parfaitement accompagné d'une batterie, d'un harmonica et de deux guitares, qui flottaient dans les airs, tournoyant autour de leur chanteur en rythme. Amosis n'entendait plus ni les trains, qui venaient ou qui partaient, crachant une masse informe de fumée, ni les indénombrables discussions qui affleuraient de tout les coins de la gare, ni même les coups de sifflet des contrôleurs qui vérifiaient scrupuleusement la validité des billets. Non, il n'entendait plus que cette musique. Cette voie mélancolique qui venait le bercer tout en lui donnant envie de danser.

Il s'avança de quelques pas, souriant, et retira délicatement la chevalière argenté qui trônait autour de son majeur. L'homme ne cessa pas de chanter pour autant, mais il regardait tout de même Amosis, curieux de savoir s'il allait réellement déposer sa bague au fond du mug.

Le bijou roula quelques instants contre les phalanges d'Amosis, perpétuellement poussé par le bout de son pouce. Puis il le déposa délicatement sur le sol, et se releva, légèrement maladroit. Il n'avait pas pour habitude de faire de la charité. Cela ne faisait pas vraiment parti des habitudes de la maison. Il ne savait pas quel expression il fallait afficher en pareil circonstance, s'il valait mieux être joviale ou indifférent, au risque de faire passer cela pour de la supériorité. Il ne savait pas comment repartir, s'il fallait d'abord saluer la personne, ou ne rien faire, s'il fallait attendre qu'elle finisse son morceau, ou au contraire, s'il fallait repartir au plus vite. Il aurait peut-être du regarder comment les autres s'y prenaient.

Derrière lui, un homme passa et jeta une noise sans même un regard pour le chanteur, continuant tranquillement sa route, comme si cela était devenu un mécanisme, une habitude, une pratique du quotidien. Amosis repartit donc sans un mot. En définitive, la charité n'était pas bien différente de ses pratiques habituelles, et il ne comprenait vraiment pas pourquoi sa famille ne voulait même pas en entendre parler.

Ses petits coups de claquette reprirent, cette fois plus rapide, et il s'engagea dans les marches d'escaliers pour rejoindre le passage souterrain. La lumière tamisée qui s'en dégageait reproduisait les ombres des passants sur les briques rouges sang, donnant une allure glauque à l'ensemble.

Cela ne lui posait pas de problème, et ce n'était pas la première fois qu'il passait par là. C'était le moyen le plus rapide d'accéder au hall d'entrée, d'où il pourrait faire la queue au guichet en vue de s'acheter un ticket.

EDIT DE MAX: comme dit dans le réglement, il faut liste ton texte dans tes rps. je l'ai fai cette fois-ci mais ne l'oublies plus Wink

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Gare de Pré-au-lard

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