┤Rien à cacher├

C'EST PRIVE.

Cher journal,

Pour commencer, tu n'imagines pas à quel point je me sens débile d'écrire sur ce papier, en parlant à un journal. J'ai toujours trouvé stupide les gens qui écrivaient un journal intime, et je ne me voyais jamais entrain d'en écrire un moi même. Mais la vie m'a conduit ici, à cette heure précise, devant toi. Faut-il se présenter au début d'un journal ? Je n'en vois pas trop l'intérêt puisque ce journal n'est destiné qu'à moi, et que personne n'est censé le lire. Si je ne me présente pas, personne ne saura qui écrit ces lignes. Tant pis, je le dis quand même. Annabeth Wriggle, dix-sept ans à ce jour, sixième année à Poufsouffle. Je suis une sang-mêlée, ma mère était une sorcière qui était devenue une prostituée. Elle est tombée enceinte d'un client - donc surement un moldu -, m'a mis au monde, à moi et à mon frère jumeau Aaron. Elle nous a laissé dans un orphelinat, et s'est suicidé deux mois plus tard en nous laissant une lettre. Mon frère et moi avons été adopté par une vieille femme, notre tutrice à ce jour. Et puis, que dire de plus. Je pense avoir une vie correcte, ni trop merveilleuse ni trop malheureuse. Je commence juste à prendre conscience combien la vie est compliquée, même si au fond de moi, je le savais depuis toujours. Je me suis récemment battu. Oui, ça commence fort pour ce journal. Avec Isalyne Stoner, ma nouvelle pire ennemie. Je me suis emportée un peu vite contre elle, à cause de Liam Storm. Un garçon de Gryffondor, que j'aime un jour, et l'autre non. Donc je me suis battue, ce qui m'a brouillé avec deux très bons amis : Julia et Devan. J'en parlerais plus tard. Il est presque minuit et je n'ai presque plus d'encre. Ce sera tout pour aujourd'hui.

Cher journal,

Je déchante. J'ai envie de hurler, de pleurer, de mourir. Je veux tout casser, gifler tout le monde, ou mieux : les mordre. Je veux m'enfermer dans les toilettes, me bousiller la santé avec des drogues, ne plus manger jusqu'à en mourir. Je voudrais me cacher quelque part, y rester toute ma vie à pleurer, à me morfondre, à tenter d'oublier. Il m'est arrivé la pire chose que je pouvais imaginer. C'est tellement horrible que je n'aurais même pas pu y penser. Il est parti. Aaron est parti. Il a quitté Poudlard, il est parti à Beauxbâtons, en France. Il voulait s'éloigner de moi. Voilà une semaine que je n'ai plus de nouvelles. Il ne m'a pas dit au revoir, il est parti sur un coup de tête, sans me prévenir. Je l'ai appris le matin en me réveillant. Il était trop tard : il était déjà arrivé. Il a pris l'avion. Il est parti. Je me sens vide, je ne suis plus rien. Mon journal est trempé de mes larmes, je n'arrive même plus à les arrêter. Côté ironique, ça me fait penser à une phrase que me répétait toujours Aaron quand nous étions petit : « Vas-y pleure, tu pisseras moins. ». Il est parti. Je n'arrive même pas à y croire. Son lit est vide, sa malle est vide. Ses amis ne savent rien, à part que le soir de son départ, Aaron était terriblement énervé. Il ne m'a pas laissé de lettre, n'a pas laissé de message à un ami pour moi. Il est parti, c'est tout. Et le pire, c'est que je crois que c'est ma faute. Oui, c'est ma faute s'il n'est plus là. On s'est disputés. Une chose tellement stupide, tellement ... je ne sais pas même pas quel mot utilisé. Je n'ai même pas envie d'en parler, même à toi, le stupide journal sur lequel j'évacue ma haine, ma tristesse, mon désarroi. Il est parti. C'est tout ce à quoi je pense. Je reste enfermée dans mon dortoir toute la journée. On m'a emmené un psychologue, je l'ai envoyé balader méchamment. Je ne parle plus à personne, je n'ai plus envie de sourire, de bouger, de vivre. J'ai pensé au suicide, mais ce serait tomber aussi bas que ma mère, et je refuse ceci. Le suicide est une solution trop facile. Peut-être même que souffrir me fait du bien. Le bien qui fait mal. J'ai faim. Mais je ne veux pas manger. Un elfe m'a apporté un plateau. Je sais que tout Poudlard compatit. Et ça m'exaspère. Je ne veux pas qu'on me plaigne, je veux qu'on me le ramène. Je veux qu'il revienne, qu'il me pardonne et qu'il me prenne dans ses bras. J'ai trop besoin de lui. On se rend toujours compte de la valeur des gens quand on les perd. Je le savais déjà que je ne pouvais pas vivre sans lui. Mais je n'imaginais pas devoir vivre ça un jour. J'ai l'impression de vivre un cauchemar éveillé. Comme si je me retrouvais devant ma plus grande peur, seule face à elle. L'absence de mon frère. Personne ne pourra me consoler, à part lui. Je suis dans une période noire. Terriblement noire. J'essaye de me relever, je le jure. Mais je n'y arrive pas. Le bien qui fait mal. Je pleure encore, ça me fatigue. Je ne dors pas pour autant. Quand je ferme les yeux, je le vois. Je ne pense qu'à lui. Je n'attends qu'une chose : un signe de lui. Je veux qu'il revienne. J'ai envoyé une lettre, je n'ai pas eu de réponse. L'a-t-il au moins lu ? Il serait capable de l'avoir jeté au feu avant même de l'ouvrir. Je n'ai plus d'encre, ce sera tout. J'ai besoin de ne plus penser à rien, de ne plus rien faire.

┤Rien à cacher├

Journal Intime

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